Albi-La-Belle
Je suis allée à Albi. Albi La Belle. Nouvelle Occitanie. Les Béarnais et les Landais doivent être ravis d'apprendre qu'ils ne font plus partie de l'Occitanie tiens...eux qui sont les plus occitans de tous.
M'enfin, Albi donc: je suis ici un peu chez moi. Albi et sa brique rouge, c'est un peu le pays de Toulouse. Sauf que...sauf qu'Albi respire. Elle est à taille humaine. Ellle sent le Moyen age à plein nez, et tous les siècles depuis. Une touche de Renaissance, un chouillas de Lumières, un peu beaucoup de XIX ème, une grosse louche de XXème et un bon gros morceau de morderne. Une épopée humaine taillée dans la pierre et la terre.
Ici, les rues, les trottoirs, le pavé sont souvent tapissés de tout petits galets savamment alignés, usés jusqu'à la corde et polis par des générations de pieds. Le bois colombe toujours les maisons ( colomber, verbe du 1er groupe, évidemment...) pourtant habitées par de vrais gens avec du vrai linge aux fenêtres. Le soleil se fraye tant bien que mal un passage dans ces ruelles où des parfums divins côtoient des odeurs pestilentielles. C'est le Sud.
Albi n'a jamais eu son Haussman. Ou alors, il était pas bien vaillant . Aucun pragmatique n'a cherché à remanier, ouvrir, élargir, faire sens. Ou alors juste pour la forme. Albi ne fait pas sens. Elle est parfaitement tarabiscotée. (NB: rectificatif, il y a eu un vaillant, qui apparemment n'a pas beaucoup contribué à apporter de sens!)
L'énorme vaisseau Ste Cécile trouve parfaitement normal de montrer son gigantesque cul médieval sur la place centrale de la ville. Elle est posée là, au beau milieu, à l'arrache, arrivée d'une lointaine planète en atterrissage forcé. Une énigme ornée de dentelle de pierre défiant toutes les lois de la gravité.
L'intérieur est simplement le plus gros délire catholique qu'il m'ait été donné de voir .Etrange d'imaginer un digne représentant de l'Eglise prêcher devant des fresques gigantesques peuplées de hordes d'hommes et de femmes dans leur plus simple appareil....( Le jugement dernier...)
Impossible de vous en donner la raison: j'ai préféré à la visite détaillée un concert d'orgue puis un choeur d'enfants fabuleux.
J'ai donc visité des yeux Ste Cécile au son d'Ave Maria divers et variés, ce qui n'a rien changé à ma première impression: cette cathédrale est un OVNI, paré de peintures qui, à la Renaissance, annonçaient déjà le cubisme à venir et autres toiles des années 1960/70.
Et puis bien sûr, il y a Riton. Henri. Le pitchoun. Le Maître. Le Grand. Monsieur de Toulouse Lautrec. Pitre génial amoureux fou de sa mère, prodige grivois et blessé épris de chevaux et de prostituées.
Artiste complet, poussant le minimalisme jusqu'à évoquer un corset et une femme de dos grâce à 4 coups de pinceaux blancs sur un morceau de carton.
Crayonnant ses couleurs comme un enfant, juste au cas où on l'aurait pris trop au sérieux. Mourant dans les bras de sa mère en lui murmurant: "Maman, vous, rien que vous...".
Il hante aujourd'hui joyeusement le Palais de la Berbie, forteresse au doux nom et aux murs imprenables, ronds comme les moulins de Don Quichotte, alignant les siècles comme autant de strates hétéroclites où la ruine côtoie le superbe.. Et puis ses remparts sur le Tarn, avec la vue sur "l'autre côté", où la brique ancienne s'enchevêtre à des immeubles modernes, le tout dans une parfaite normalité .
Albi n'est pas une ville musée, c'est une ville qui vit, et depuis très longtemps
I went to Albi. Albi La Belle. New Occitany. Not so sure people from Bearn or the Landes were glad to hear they were no longer part of Occitany......
Anyway, back to Albi .It does feel a bit like home. Albi and its red bricks clearly belongs to the Toulouse region; Except...except Albi breathes. It is human-sized. It smells of the Middle Ages...and of all the centuries in between. A touch of Renaissance, a speck of Enlighment, a little bit a lot of 19th, a great chunk of the 20th, and plenty of modern air. A human epic cut into stone and clay.
Here, streets, pavement, bridges are paved with tiny and skillfully arranged cobblestones , polished by generations of feet. Streets are still red-brick mazes, wood timbers houses, with real people living in them ,clothes hanging at the windows- and the sun trying to find its way down into these passages exhaling divine fragrances as well as the most pestilential and foul smells.
Albi never got its own Haussman. Or if it did, it must have been a very lazy one. indeed. No pragmatic engineer ever had the idea or reorganising , opening, widening, making sens out of the place . Albi does not make sense, it is a tortuous town imprinted with the touch of centuries.
The huge Ste Cécile Cathedral vessel finds perfectly normal to exhibit its enormous medieval arse onto the main square. It stands right into the middle , as if landed in emergency from some distant planet. It is an enigma adorned with stone lace which is a challenge to any gravity law.
Inside the church is one of the craziest Catholic extravaganza I have ever seen. It is quite an experience to imagine a dignified member of the Church preaching between two huge frescoes representing hords of men and women in their...birthday suit. Quite a sight.
Unfortunately, I can't offer any explanation for it: I declined the guided tour and opted instead for an organ concert + a fabulous children choir.
I was therefore gratified with an "eye" visit of Ste Cecile, to the sound of various Ave Marias. This did in no way alter my first impression: this cathedral is a UFO ( it does almost fly...) with Renaissance frescoes heralding cubism and various trends from the 1960's and 70's.
And then of course comes Harry. Henri. The wee one. The master. The great. Sir Henri de Toulouse Lautrec. Genial clown madly in love with his mum, bawdy prodigy with a passion for horses and prostitutes.....
He is still happily haunting the Palais de la Berbie, a soft-named fortress with impregnable walls, as round as Don Quixotte's windmills, piling centuries over centuries in odd stratas, blending both ruin and superb. And the remparts, over the Tarn river, offering a view "on the other side", where period bricks mingle with modern buildings in some kind of harmonious normality. For Albi is not a museum town: Albi is alive, and has been so for centuries.