Avoir des voisins, ça ouvre le champ des possibles

Anisclo. Un Cañon d'España. Des piscines de roche, de l'eau douce, limpide, des cascades fraîches, et toujours, la Peña Montañesa, plantée là, qui nous toise depuis des générations.

la Peña Montañesa, vu depuis...;Google maps...

Trop occupée à me baigner cette année, pas eu le temps de la prendre en photo.

Et des gens, des gros, des vieux, des dégingandés, et des musclés, des minis avec des bouées, qui sautent, barbotent, siestent, papotent. Et des chiens, partout. Tous avec la banane, même les chiens.

Parce qu'on est en Espagne, chez nos voisins. Et nos voisins, même en pleine crise, même en pleine panade, ils restent, toujours, immanquablement et inexorablement, plus vivants que nous. Il suffit de passer la frontière, le contraste est saisissant: d'une rue à l'autre, on passe des allées vides, des bancs publics solitaires et des volets fermés français au  passeo espagnol: des rues pleines, des papis sur leur 31, des gamins qui piaillent, des bancs qui jacassent, des gens aux fenêtres, des terrasses pleines, de la musique, et toujours, un petit vent de douceur et de bienveillance. L'Espagne m'ote toute angoisse.

Pourquoi? Pourquoi un tel contraste ? Pourquoi nous, Français, même frontaliers, avons fini par nous cacher derrière nos portes fermées à double tour dès 8h du soir? Où est donc passée notre "passejada" occitane? Nos papés vissés sur leurs bancs sur la place, devant l'église ou le monument aux morts, à longueur d'après-midi? Et nos gamins qui jouaient dans les rues?

Ainsa by night, après les tapas....

Ici, un monsieur avec un bob jaune et un tee-shirt relevé aère sa bedaine en contemplant l'eau d'un air bonhomme. Un blondinet à tuba explore les fonds marins de 50 cm. Des gens marchent vers la gauche, vers la droite. Des chiens nagent, aboient, rouscaillent. Des gamins font la sieste sur de gros rochers au soleil. Un énorme monsieur trempe son bidon avec un sourire de parfaite satisfaction. Une dame se promène topless en tenant son fils par la main. Un monsieur aux cheveux trèèèès longs joue avec son chien aux poils trèèès longs.

Tout le monde bouffe la vie sans se presser, et surtout sans complexes. Ca doit être ça, précisément, le secret des Espagnols.

---

Anisclo. A Canyon in Northern Spain. Rock pools, crystal clear water, fresh waterfalls, and always, the Peña Montañesa looking down on us all .

the Peña Montañesa, as seen from ...;Google maps...

Too busy bathing and swimming this year, no time to take pics.

And people around... fat people, old people, gangling people, muscly people, tiny wee people with rubber rings splashing and jumping, and frolicking , dozing, chatting. And dogs everywhere. All looking mighty happy, including the dogs.

For we are in neighbouring Spain. And our Spanish neighbours, even at a time of deep crisis, even in the midst of a dire situation, always, always remain amazingly more lively and bubbly than us, French people. You only need cross the border to experience a striking contrast: from one street to the next, you walk through empty French avenues, past lonely public benches, and bolted shutters into the Spanish "paseo": crowded street, old people dressed to the nines, children laughing , benches chatting away, packed bar terraces , music everywhere, all the while bathing in a light, soft and kindly wind. Spain rids me of all anxiety .

Why? why such a contrast? Why do people in France ,even when living on the border, have ended up hiding behind closed shutters and bolted doors as soon as 8 pm ? Where has our Occitan "passejada" gone? Our old grandas, glued to their benches, sitting in a row, on the square, opposite the Church or the War memorial, afternoons on end? What about our children, playing away in the street?

Ainsa by night, after tapas....

Down here, a man wearing a yellow bucket hat is airing his pot-belly while watching the water thoughtfully and contendedly. A wee towhead with a tuba is exploring the 50-cm deep seabed. Some people are walking to the right, others to the left. Dogs are swimming, barking, grumbling. Children lay asleep on sunny boulders. A huge man is bathing his paunch goodheatedly and complacently. A woman is walking topless , holding her child by the hand. A man with veeeeery long hair is playing with his dog with veeeeery long hairs.

Everybody around us is grabbing life in both hands,  unhurriedly, and mostly without any complex. That is probably Spain's hidden secret.... .